Commune de Suzannecourt

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Suzannecourt, village vigneron


 

 

Au moyen-âge, en 1218, Simon, Sire de Joinville, menacé d'excommunication, fit don de la paroisse de Suzannecourt à l’Évêque de Châlons-en-Champagne. Celui-ci y développera la viticulture.

Une source saisonnière jaillit sous une croix dite "la Sainte Croix". Au XIXe siècle, elle était l'objet chaque 22 janvier, d'un important pèlerinage vigneron : la Saint Vincent.

Les vignes, principale activité professionnelle du village

Avant le phylloxéra, les vignes étaient la principale activité du village. D'après le "tableau des citoyens actifs de la communauté de Suzannecourt" relatif à la loi du 14 juin 1791 sur l'organisation de la garde nationale, sur 82 hommes actifs recensés, 58 d'entre eux étaient vignerons, soit quasiment trois quart des travailleurs.

En 1882, Suzannecourt était crédité de 63 hectares de vignes.

Le petit-déjeuner des vignerons se composait souvent d'un verre d'eau de vie « pour donner de la force », disaient-ils, et dans lequel ils pouvaient également tremper leur pain.

Exposées plein sud, les vignes recouvraient tous les coteaux. Les marnais venaient avec des voitures à chevaux acheter du raisin pour réaliser leur vin. 

Des vignes se trouvaient également du côté du Rongeant. Cependant, l'exposition était mauvaise et le vin, de ce fait, de moins bonne qualité. Elles étaient ainsi réservées à la consommation personnelle. Ces vignes ont disparu les premières.

 

Carte de l’État Major 1820-1866 - La partie grise représente les vignes

La révolte des vignerons

Sur arrêté du Département datant du 12 octobre 1795, Suzannecourt, Vecqueville, Rupt, Thonnance et Joinville forment un "canton", géré par une Assemblée Cantonale de 11 membres. Celle-ci a le pouvoir de fixer entre autre les dates officielles du ban des vendanges. 


Le 4 octobre 1796, les habitants de Suzannecourt prétendent nommer eux-mêmes des experts qui définissent la date des vendanges, ils ont le sentiment d'être manipulés par l'Assemblée Cantonale qui siège à Joinville. 

Ils se livrent alors à des manifestations : fumier, bois, pierres, gravats, détritus de toutes sortes répandus sur les chaussées. La révolte fait tâche d'huile à Thonnance où ont commencé les vendanges sans attendre la publication du ban officiel. Les gendarmes verbaliseront et saisiront raisins et outils. 

Le 6 septembre 1798, nouvelle manifestation des propriétaires de vignes situées dans les contrées de Marcheval, Bonneval, Bel Eclair et Nepois. Les chemins dits "Coco" et la "Croisée des quatre chemins" sont tellement détériorés par les courants d'eau que la récolte qui s'avère abondante ne pourra pas être transportée si les chemins ne sont pas refaits. 

Chaque propriétaire est prêt à donner 5 à 10 centimes par journée de vigne (5a 27 ca 50) pour qu'ils soient réparés. Le 18 septembre Michel Morlot, manouvrier à Thonnance, enlève l'adjudication à 175 francs. 

Fin 1800, on reviendra au système initial ou chaque commune redeviendra autonome.

Disparition du métier de vigneron à Suzannecourt

La crise du vignoble due au phylloxéra, à la fin du XIXe siècle, a causé d'épouvantables dégâts sur les vignes. Malgré tout, elles n'ont pas complètement disparu à ce moment, R. JOBARD (né en 1922) se souvient d'ailleurs avoir vu tous les coteaux de Suzannecourt en vigne. Les vignerons auraient ainsi replanté des pieds de vigne suite à la maladie. Cependant, la succession des guerres a mobilisé beaucoup d'hommes. Les vignes ont ainsi été abandonnées faute de main d’œuvre. 

Dans les coteaux est du village, des pierriers subsistent. Ils permettaient de nettoyer la vigne et servaient à récupérer la chaleur pour la rediffuser la nuit quand il faisait frais afin d'éviter que le raisin « ne prenne froid ». J. MAUR se souvient encore de voir passer chaque année, les vignerons avec leur hotte chargée de pierre.

Suite au déclin des vignes, les vignerons se sont donc peu à peu orientés vers les fonderies (notamment Ferry-Capitain) qui cherchaient de la main d’œuvre. Ils ont profité de cette occasion pour se reconvertir en fondeur, tourneur, mouleur, etc. Il s'agissait par ailleurs d'une opportunité leur assurant un confort pécuniaire.

Chaque habitant conserva malgré tout une parcelle de vigne. Mais la culture de celle-ci fut alors réservée à la consommation personnelle. Ainsi, les travailleurs, après une longue journée de labeur (plus de 10h par jour), retournaient dans les vignes en rentrant de l'usine le soir.

Ernest BOURLIER dans ses vignes à la fin des années 40 - on aperçoit le lavoir en arrière-plan

 

 

 

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