Commune de Suzannecourt

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Chemin de fer


 

Pour en savoir plus sur l'Etablissement de la ligne de chemin de fer, vu par le Curé Piot

Construction

Tirant les leçons de la défaite de la guerre de 1870 (où l’armée allemande déferle sur Paris et la France en quelques jours), la IIIe république décide vers 1880 la mise en œuvre de lignes de chemin de fer à vocation stratégique pour se prémunir de nouvelles invasions. La construction de la ligne de Brienne-le-Château (10) à Sorcy (55) débuta en 1890 et celle-ci fut ouverte le 1er juin 1892. Inaugurée par Sadi CARNOT le 7 juin 1892, les enfants du village présents le long de la ligne de chemin de fer ont reçu des dragées de la part du président.

                                       Gare de Sorcy, détruite en 2015 

La construction de la ligne de chemin de fer a nécessité une main d’œuvre et des travaux importants. Des milliers d'ouvriers ont travaillé à sa construction, les machines n'ayant pas encore leurs places parmi les travailleurs. R. JOBARD : « Mon grand-père maternel a travaillé à la construction de la ligne, c’est pour ça qu’il est venu vivre ici d’ailleurs. Ils chargeaient et déchargeaient les cailloux à la main. » 

Traversant un relief de côtes relativement accidenté, la ligne comportait un nombre important d'ouvrages d'art, notamment des viaducs (Thonnance-les-Moulins, Wassy, Chatonrupt-Sommermont, etc), des tunnels (Suzannecourt, Vecqueville...) et des ponts.

Initialement, la ligne de chemin de fer devait traverser la vallée, à l'instar de la déviation actuelle, puis traverser les vignes des coteaux surplombant les maisons neuves de Thonnance-les-Joinville et Suzannecourt. Cependant, les vignerons ont mis en place une pétition pour éviter la suppression de leur vigne et la ligne a finalement été construite le long du bois Le Seing, cachée par peur que les prusses ne la bombarde.

Lors de la construction, les gendarmes étaient présents ainsi que l'armée, basée à Chatonrupt. De nombreux bistrots avaient ouvert dans les maisons de Suzannecourt pour les ouvriers. 

 

Modifications subies

 

Suzannecourt a subi quelques modifications lors de la construction de la ligne : la Sainte-Croix ainsi que le Rongeant ont été déplacés. 

La Sainte-Croix se situait sur la ligne de chemin de fer, entre le pont de Mierval (« 1er pont ») et l'emplacement actuel. À cette époque, les villageois pouvait encore apercevoir la croix depuis Suzannecourt. La route de Poissons passait à deux pas de la Sainte-Croix avant que n'existe la route départementale créée vers 1834. Chaque année, la plupart des villageois s'y rendaient en procession, le jour de l'Ascension, ce qui représentait une foule importante.

La croix a donc été déplacée et mise sur le bassin voûté où coulait une petite source, bien plus ancien. Un lavoir, probablement le lavoir dit "de la Morisette", aurait été construit à proximité de cette source afin qu'elle puisse l'alimenter, la source du Foulon n'étant certainement pas encore captée à l'époque. Le Rongeant eut également à pâtir du chemin de fer puisque plusieurs de ses méandres furent rectifiées, comme on peut l'apercevoir sur la plan cadastral ci-dessous. Il a donc été déplacé à l'est de la ligne. Les rives en pierre, construites pour canaliser le Rongeant, sont toujours visibles. 

Ces modifications n'auraient pas dû avoir lieu puisqu'à l'origine, la ligne était prévue quelques dizaines de mètres plus haut dans le coteau. On retrouve encore quelques grosses pierres du mur initial dans le bois Le Seing. Les ouvriers avaient commencé à tailler dans la pierre pour créer le tunnel et à réaliser la plate-forme pour la ligne. Cependant, un affaissement de terrain eût lieu (un dimanche donc pas de blessé), les plans ont donc été modifié, le tracé fut abaissé. 

Les ouvriers construisaient d'abord des tunnels de visite, avant de les remblayer, afin de leur permettre d'étudier le comportement des ouvrages, par exemple en cas d'infiltrations.

 

Usage

La ligne a donc servi pendant la première guerre mondiale pour aller jusqu’à Sorcy. De nombreux trains militaires circulaient. À cette période, les allemands ont pris une voie pour l'installer sur le front russe, les wagons de ces derniers étant plus larges. Il ne restait donc qu'une seule ligne. J. MAUR se souvient que des trains complets passaient tous les jours. Ils s'arrêtaient souvent après le tunnel et les enfants allaient les voir. 

Les voyageurs ont également pu bénéficier du transport en train, mais ce n'était pas le but de la construction. Il s'agissait du trajet le plus court pour se rendre à Nancy. Malgré tout, les horaires les meilleurs mettaient plus de 8h pour relier Troyes à Nancy, les trains pouvant marquer des arrêts de plus d'une heure en gare de Montier-en-Der, Wassy, Joinville ou Gondrecourt.

Après la fin de la seconde guerre mondiale, son usage est devenu marchand : quelques trains apportaient notamment des engrais, puis du matériel à la coopérative de Gondrecourt. À partir des années 50, des wagons à démolir étaient apportés à la gare de Poissons. Le train passait par Suzannecourt une fois par jour. Un garde-barrière travaillait au niveau de la brosserie MILLOT/LAVOCAT -lieu-dit Le Fourneau- (entre Suzannecourt et Poissons) et fermait la barrière à l'arrivée du train. 

La ligne a finalement été supprimée par manque de rentabilité. La fermeture au service des voyageurs s'est effectuée le 1er  juillet 1938, elle a cependant été ré-ouverte pendant la seconde guerre mondiale. Le service des marchandises a pris fin le 27 mai 1990 pour la ligne de Joinville à Poissons-Noncourt et la ligne a été déclassée suite à cet arrêt. Elle a été la dernière portion mise hors-service. Les lignes alentours (Montier-en-Der/Joinville et Poissons-Noncourt/Luméville-Chassey) ont été fermée dès le 12 novembre 1954.

 

 

 

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